Messagepar arthurangers » sam. 27 juin, 2020 9:28 am
Enfin des éléments intéressants sur ce topic ! En tant qu'amateur et connaisseur du mouvement ultra (et du foot en général) allemand, je me permets de participer à ces échanges. Effectivement, il est indéniable que l'Allemagne fait figure d'exemple en matière d'engouement et de supportérisme. Bien sûr, tout n'y est pas parfait, mais il faut être ignorant ou de mauvaise foi pour nier leur avance en la matière.
D'abord, il faut dire que la mentalité allemande en matière de foot est complètement différente de ce que nous connaissons en France. Il existe comme partout des suiveurs amateurs de victoire, qui là-bas supportent le Bayern ou le BvB. La grosse différence avec la France réside dans l'engouement pour les clubs locaux, quelle que soit leur performance et leur division. Il serait absolument impensable en France, hormis dans le cas de quelques gros clubs relégués administrativement, de supporter massivement un club de 2e, 3e voire 4e division. C'est monnaie courante en Allemagne. Plus globalement, on vient plutôt consommer un spectacle individuellement ou entre amis à Angers, alors que dans un modèle plus populaire, on vient[url]participer[/url] à une fête populaire.
Ensuite, il faut regarder la structure du public allemand. Il y a là-bas une catégorie quasiment inexistante en France : les fans. Entre ultras et supporters lambdas, ce sont ceux, proches du style anglais, qui vont en tribune populaire chanter pour leur club, se déplacent régulièrement, sans pour autant être autant impliqués que les premiers cités. Ils se constituent en sections locales qui s'approprient les codes de la culture supporter : bâche, suivi des chants lancés par les ultras, déplacements, etc. C'est cette catégorie qui remplit les kops et parcages allemands. Globalement, mis à part quelques brefs conflits internes, il y a un certain respect entre supporters de différente mentalité. Par exemple, vous verrez couramment le bas des kops ou des parcages laissé vide en attendant que les ultras arrivent. Bien sûr, pas de conflit au sujet des drapeaux dans les virages, puisque même les supporters lambdas conçoivent et apportent régulièrement leurs drapeaux. Pas de bête réaction du public normalement amorphe si la tribune réalise une grève ou une action de protestation contre l'équipe dirigeante ou la fédération. Autre culture. Les Fanprojekte, lieux de discussion et de vie partagés entre tous les supporters d'un club, permettent une meilleure connaissance des différentes composantes présentes au stade.
Pour ce qui est de la politisation des tribunes, il est vrai qu'elle est sans doute plus importante en Allemagne qu'en France. Elle reste quand même cantonnée à un nombre réduit de supporters, en-dehors de quelques clubs très politisés (Sankt Pauli, Babelsberg à gauche, Cottbus à droite). Il faut se méfier des a priori et des articles peu fondés. J'ai vu que certains parlaient du Dynamo Dresden. En dépit de leur réputation, il est intéressant de préciser que les Ultras Dynamo viennent de fêter les 10 ans de leur amitié avec la Horde Zla du FK Sarajevo, dont la plupart des membres sont musulmans. Peu compatible avec le néo-nazisme accusé un peu plus haut.
Je pense que la mentalité française et particulièrement angevine est malheureusement trop différente pour importer complètement le modèle. On peut quand même s'inspirer de certains points :
- favoriser le retour des tribunes debouts, bien plus adaptées au supportérisme
- remplir les stades en baissant le prix des places
- créer des lieux de discussion entre les différentes composantes d'un club : bars autour du stade, local en ville, etc (cf Fanprojekte allemands)
- impliquer les clubs amateurs pour créer une vraie culture du club local
- établir une sorte de 50+1 comme en Allemagne pour éviter les investisseurs instables et garantir une gestion plus démocratique
- donner plus de liberté en tribune aux supporters
- organiser des déplacements gérés par le club pour les supporters plus classiques : que nos parcages angevins font de la peine !
Bref, la mentalité est trop différente et la culture supporter (et la culture foot) trop inexistante chez nous, mais on peut déjà copier quelques points qui fonctionneraient.