lointainscoiste a écrit :Article réservé aux abonnés...
voila ce qui y a dans l'article
Après dix ans sur le banc d'Angers, Stéphane Moulin quittera le SCO au terme de la saison. Et il assure qu'il n'a toujours pas de point de chute.
« Dîtes bien que notre coach va nous manquer. » « P'tit Claude » passe la tête dans l'exiguë salle de presse de la Baumette, le centre d'entraînement du SCO. Comme la plupart des Angevins, l'intendant vedette, ancien pompier à la retraite, ne se fait pas à l'idée que Stéphane Moulin, sur le banc d'Angers depuis 2011, quitte le club à l'issue de la saison. Après avoir assuré le maintien en L1 dimanche dernier « avec le sentiment du devoir accompli », le technicien (53 ans) est revenu, vendredi, sur les raisons d'un départ qu'il avait annoncé le 26 mars, entretenant le flou sur son avenir.
« À l'heure de tourner la page, ressentez-vous un petit pincement ?
Je sens que la fin approche mais j'essaye de ne pas trop y penser, de ne pas le montrer, tout en m'y préparant. J'ai déjà retiré de mon casier des rapports de match, des effets personnels... La dernière chose que j'emporterai, ce sont mes photos de famille. Après le dernier match contre Lille à Raymond-Kopa (dimanche prochain), je sais qu'il va y avoir un changement radical, une nouvelle vie.
Qu'est-ce qui motive votre départ ?
C'est un tout : la durée, des changements que je n'ai pas à juger... Je pense qu'il faut être en accord avec soi-même sur la méthode. Je m'étais déjà posé ces questions il y a quelques années, j'en avais fait part au président (Saïd Chabane) mais j'avais estimé que ce n'était pas le moment. Aujourd'hui, je me les suis reposées. Pour faire ce métier, il faut se sentir bien.
Les affaires extra-sportives qui minent le club depuis un an et demi ont-elles eu une influence sur votre décision ?
Je n'ai pas envie de parler de ça.
La confiance s'était-elle étiolée avec vos dirigeants ?
Je n'ai pas cette sensation. Mais le jour où j'ai l'impression de ne pas m'y retrouver,
il faut avoir l'honnêteté de le dire. Et je ne me vois pas être la personne qui amène
le club dans le mur. Je le vivrais trop mal.
« J'aurais bien aimé qu'on se dise une fois : "Allez, on garde nos meilleurs joueurs, on se fait la meilleure équipe possible et on voit ce que ça donne" »
Stéphane Moulin
Vous aviez l'impression de ne plus pouvoir vous exprimer ici ?
Non, mais on a atteint quelque chose de tellement fort qu'il est difficile de maintenir ce fonctionnement sur la durée. J'ai perçu que ça risquait d'être moins bien. Quand vous arrivez pratiquement au plafond, après il n'y a plus beaucoup de marge. Je pense que le mieux pour tout le monde, c'est que je laisse ma place.
Le départ d'Olivier Pickeu (ex-manager général) il y a un an n'était-il pas annonciateur de votre départ ?
En fait, j'aurais pu quitter le club en juillet. J'ai été sollicité (il refuse de dire par quel club) mais ce n'était pas le bon timing.
J'ai refusé parce que je m'étais engagé avec le SCO. On avait repris et je ne me voyais pas quitter mes joueurs en plein stage de préparation.
Vous parlez de ''méthode''. Quels sont vos grands principes ?
C'est axé autour du relationnel, des hommes et de la confiance. Il y a une méthode, aussi, dans le travail, avec une liberté que j'ai eue pendant des années. Personne n'est venu m'embêter. Je n'ai rien inventé, mais il y a un cadre, de l'exigence dans le fonctionnement et le vivre ensemble. Une de mes méthodes, c'est aussi de faire jouer mes équipes.
Vous dîtes cela parce que vous pensez être étiqueté ?
Oui, un peu. Lors de notre première année en L1 (2015-2016), on était 3es en décembre, et parfois on nous reprochait notre jeu. On était presque obligés de s'excuser quand on marquait sur coups de pied arrêtés. Mais on avait recruté pour zéro euro ! Aujourd'hui encore, je lis parfois qu'on est très forts sur coups de pied arrêtés. Ça me fait rigoler. Pour certains, on est restés cinq ans en arrière. Non, on a évolué.
Sur ces dix ans au SCO, avez-vous un regret ?
On en a parlé avec le président. J'aurais bien aimé qu'on se dise une fois : "Allez, on garde nos meilleurs joueurs, on se fait la meilleure équipe possible et on voit ce que ça donne". Mais on n'a jamais pu le faire. Sur le plan économique, j'ai bien compris que ça ne peut pas exister.
Vos adjoints s'en vont aussi (Serge Le Dizet, Patrice Sauvaget, Benoît Pickeu, et le recruteur Philippe Leclerc). Vous retravailleriez ensemble ?
On est unis comme jamais, c'est de l'amitié. Après, tout dépendra du projet, s'il y en a un. L'objectif, ce serait, pourquoi pas, de réussir ailleurs avec les mêmes personnes ou presque.
« Si je décide d'aller à Caen, j'irai à Caen. [...] Aujourd'hui, ce n'est pas le cas. »
Stéphane Moulin, à propos de son avenir
Vous avez déjà été sollicité ?
Non.
Où souhaiteriez-vous aller ?
Je suis ouvert à la L1, la L2. L'étranger, non. Mais aujourd'hui, mon problème n'est pas un problème de niveau ou un problème financier, c'est de trouver quelque chose où je pourrai mettre
en place ma méthode.
À Caen, vous pourriez retrouver Olivier Pickeu (président du club normand). Votre décision peut-elle être influencée par la fin de saison de L2 ?
Je laisse parler les gens parce que tout le monde sait mieux que moi. C'est formidable (Il se marre). Tout le monde connaît ma décision... Mais il n'y a pas de décision ! Ce qui me dérange toujours, c'est de parler de choses qui pourraient arriver. J'aimerais bien aller au Real Madrid aussi, mais on n'en parle pas... Parlons de choses qui arrivent.
On peut se poser la question.
Vous pouvez poser la question. Si je décide d'aller à Caen, j'irai à Caen, ce n'est pas plus compliqué que ça (Le club normand a validé son maintien samedi soir). Aujourd'hui, ce n'est pas le cas. Et si Brest ou Strasbourg me demande, je vais aussi y réfléchir.
Votre méthode est-elle transposable ailleurs qu'à Angers ?
Ce n'est pas une méthode Stéphane Moulin et son staff estampillée Angers SCO exclusivement. Je ne vois pas pourquoi ça ne pourrait pas marcher
si je change de club ou de région.
Dans huit jours, vous allez prendre des vacances ?
Je vais rester un peu car les enfants ont encore école (Il sourit). Et je dois rester sur le qui-vive quand même. Je ne suis pas en train de dire qu'à partir du 23 mai, je pars en vacances jusqu'en septembre. Ce n'est pas ce que je préférerais.
Si vous ne trouviez pas de nouveau challenge, que feriez-vous ?
Consultant, ça pourrait me plaire. Hors foot, ce serait plus sur le management professionnel, les relations humaines, sociales... Avec ma femme, on aime bien essayer d'embellir la vie des autres. Pourquoi ne pas essayer d'apporter quelque chose sur le plan humain ? »