Matt a écrit :Playtime a écrit :Matt a écrit :mouais... moi j'ai une image plus contrasté à cause de ce verreux de Le Graet...
Verreux, Le Graët ? Heureusement qu'il a remis de l'ordre dans le milieu du football professionnel au début des années 90 alors que corruption et débâcle financière le gangrénaient ! Et j'en dirais presque autant de la Fédération au début des années 2010. Que lui reproches-tu précisément ?
la corruption, le copinage et la débâcle financière des clubs amateurs...
Bon. Tu me renvoies mes propres arguments en les renversant. C'est un procédé rhétorique éprouvé mais ça ne constitue pas des faits. Tu parles de corruption et de copinage : s'agit-il des remarques de la Cour des comptes sur les voyages en avion et sur les indemnités de licenciement ? Ces dernières sont plutôt la conséquence de la fin du copinage et des emplois fictifs. Je demande donc à nouveau que tu sois plus précis. Je vais essayer de l'être de mon côté.
En octobre 1991, Le Graët est arrivé à la tête de la Ligue nationale de football (actuelle LFP) dans un contexte :
- de déroute financière des clubs professionnels. Je ne cite que les faillites de l'intersaison 1991 : Avignon, Bordeaux (meilleur club français des 10 années précédentes), Brest, Chaumont, Dijon, Niort, Reims. (Dans un autre genre mais ce n'est pas sans rapport, le football professionnel avait perdu un an plus tôt le Racing, abandonné par Lagardère.)
- de corruption au sommet : Baez président de Bordeaux avouait publiquement payer des cadeaux aux arbitres et Tapie président de l'OM achetait des matches (cf. la demi-finale contre Benfica en 1990 après laquelle il a indiqué "avoir compris" comment gagner).
- de déliquescence du pouvoir, la fin de règne (c'est bien le mot) de Sadoul ayant été longue et pénible.
Le Graët a rétabli la situation, il me paraît impossible de le contester sérieusement. C'est passé notamment par des décisions spectaculaires comme la relégation de l'OM à titre disciplinaire et il fallait du courage pour aller jusqu'au bout si l'on songe à ce que représentaient l'OM et Tapie à cette époque. C'est passé aussi par la création de la D2 à poule unique et statut professionnel qui a réveillé l'intérêt pour cette division. Par la création de la Coupe de la Ligue (qui a permis d'apporter de l'argent aux clubs même si elle n'a pas trouvé son public et si elle est aujourd'hui superflue). Et plus généralement par l'assainissement du fonctionnement de la Ligue, par la fin du copinage et le début de vraies négociations avec le diffuseur Canal+, etc.
Vingt ans plus tard, il est arrivé à la tête de la Fédération dans un contexte de crise morale (affaire Knysna en Afrique du Sud, démission d'Escalettes, présidence éphémère de Duchaussoy), d'affaiblissement face aux coups de boutoir de la Ligue de football professionnel (Thiriez, sous la pression permanente d'Aulas), de chute des effectifs de licenciés (qui aura pour conséquence le passage sous les 2 millions) et même d'inquiétude sur la santé financière de la Fédé. Là encore, il est évident que Le Graët a restauré une situation plus convenable. Les effectifs de licenciés ne cessent de remonter, la fédération n'a plus de problème d'argent, elle n'est plus menacée par la LFP (aux dernières nouvelles, Aulas voudrait d'ailleurs se débarrasser de cette dernière), la réorganisation des Ligues et Districts exigée par le ministère (comme à toutes les fédérations) a été faite sans enthousiasme mais rapidement et proprement malgré sa complexité, etc.
Quant à la situation des clubs amateurs, venant de passer presque cinq ans (début 2013-fin 2017) comme secrétaire d'un club de quartier employant trois salariés, je suis d'accord pour dire que leur situation est préoccupante mais en imputer la faute à Le Graët qui serait "véreux" n'est pas très sérieux. Certes, la redistribution des ressources au sein de la Fédération n'est pas suffisante et le poids des amendes diverses est choquant (c'est mon principal grief envers la Fédération, la Ligue et le District où j'ai pratiqué - c'était dans une autre région) mais cela relève de choix politiques, ce n'est pas une question d'honnêteté ou de malhonnêteté. Et comme c'est une question de choix politique et de démocratie, je précise que je n'aurais pas voté pour la liste Le Graët aux dernières élections fédérales mais pour la liste Thomas.
Selon mon expérience, il y a bien d'autres causes plus profondes aux problèmes des clubs amateurs : l'absence d'implication des parents, la difficulté de trouver des éducateurs bénévoles, les exigences et l'irrespect des joueurs adolescents et adultes vis-à-vis des clubs et des arbitres, le manque de fidélité et de continuité dans l'effort, la diminution des subventions de l'Etat et des collectivités locales (commune, département), le manque de formation de dirigeants bénévoles qui se retrouvent à jouer le rôle d'employeur, trésorier, commercial, assistant social, etc. sans en avoir forcément la compétence et/ou l'envie. Et j'en oublie sûrement.