lointainscoiste a écrit :Ben oui, c'est comme les italiens qui veulent revenir à la lire en disant: quand il y avait la lire on était la 7eme puissance mondiale.
Mais à l'époque il y avait pas la Chine, l'Inde etc... Que veux tu faire avec ta petite lire contre des colosses? C'est pour ça qu'on a la zone euro. Ensemble on est plus forts.
On peut objecter :
(1) que l'euro est justement beaucoup trop "fort" par rapport aux autres monnaies, ce qui avantage l'industrie allemande mais pénalise l'industrie italienne et l'industrie française. Par exemple, les machines-outils ou les automobiles de luxe allemandes se vendent quel que soit leur prix ou presque (question de monopole et/ou de prestige) alors que les produits français ou italiens sont davantage dépendants de leur compétitivité en termes de prix. Exception : l'industrie du luxe, où Italiens et Français tirent leur épingle du jeu pour la même raison.
(2) que la concurrence s'exerce moins entre économies européennes et économies asiatiques qu'entre économies européennes elles-mêmes. C'est pourquoi l'impossibilité de dévaluer la monnaie est ravageuse pour les industries française et italienne qui, depuis des décennies ont besoin périodiquement d'une dévaluation monétaire pour rester compétitives. Au contraire, la politique du franc "fort" qui a précédé la monnaie unique nous a fait partir d'une position de surévaluation dont nous payons encore le prix 25 ans plus tard (et ce n'est pas fini). On pouvait espérer à cette époque que les économies européennes convergeraient, ce pari a échoué : l'Allemagne a des excédents commerciaux démesurés au détriment des économies française et italienne. Faute de dévaluer la monnaie, ne reste que la dévaluation des salaires pour faire l'ajustement compétitif : en France elle est larvée, en Italie elle est plus brutale. Les Suédois ont été plus malins : ils ont d'abord dévalué fortement leur monnaie (quand nous faisions l'inverse) avant de l'arrimer à l'euro (sans toutefois y adhérer car ils ont préféré garder leur "petite" couronne). Leurs prix sont compétitifs et ils sont restés souverains : tout bon.
(3) que l'euro "où ensemble on est plus forts" n'empêche nullement les économies nationales d'être ballotées par les marchés financiers et de devoir se soumettre solitairement à des ajustements, comme au temps des monnaies naionales. Les Grecs, les Portugais, les Irlandais et les Italiens en savent quelque chose.
(4) que l'euro n'a pas réussi à concurrencer le dollar commme monnaie d'échange internationale. Seul le yuan y parvient en partie. J'en veux pour preuve que les transactions entre l'Europe et l'Iran se font toujours en dollar et non en euro (stupéfiant quand on y songe !), ce qui permet d'ailleurs aux Etats-Unis de tordre le bras aux états et entreprises d'Europe qui voudraient commercer avec Téhéran sans l'aval de Washington. Bonjour l'indépendance !
Par conséquent, que des Italiens veuillent revenir à la lire n'est pas si aberrant. Qu'ils passent à l'acte est une autre affaire : changer de monnaie comporte beaucoup de risques (c'est peut-être le prix de la liberté ?). Mais il me semble rationnel de se poser au moins la question, en commençant par faire le bilan de l'euro : quels étaient ses objectifs et sont-ils atteints ? Or ce débat est repoussé hors du champ democratique, tourné en dérision et abandonné à l'extrême-droite (donc vicié d'emblée). C'est néfaste.
(Ce n'est pas de l'écologie mais la lire n'en est pas non plus.
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