manosolo49 a écrit :S'il n'y avait pas eu de mouvement de grèves, il n'y aurait pas eu de congés payés. C'est une réalité. Vous me répondrez que le Front Populaire a permis ça. Certes, mais il n'a fait que suivre. Ca n'a pas été une revendication du Front Populaire mais bien celle du mouvement ouvrier.
Si on ne se présentait pas aux élections, je comprendrais à la rigueur votre raisonnement. Mais là on assume et on y va. Je me verrais mal fait parti d'un gouvernement PS alors que par exemple DSK est président du FMI, une institution plus que critiquable.
C'est bien ce que je dis. Et il y a aussi des avancées sociales qui se font sans grève (cf 1981), ce qui était le point de départ de notre débat.
Ensuite, si je ne peux que me féliciter que les "révolutionnaires modernes" intègrent le processus électoral, seule légitimité démocratique en République, je remarque également qu'ils n'accèdent pas à ce jour aux responsabilités décisionnelles.
Ils sont pour l'instant dans la posture de la contemplation critique, c'est un fait.
Ils ne veulent pas faire partie d'un gouvernement d'une gauche élargie, c'est leur droit.
Ils sont "la vraie gauche prolétarienne". Les autres sont "trop proches du capital": c'est ce que je considère être une vision binaire, pour ne pas dire sectaire.
Ce débat entre les "purs" et les autres n'est d'ailleurs pas nouveau.
Clémenceau en 1877 le dénonçait déjà: une jeune homme de 22 ans avait décidé de se frotter à lui sur le sujet. Alexandre Avez, syndicaliste du mouvement ouvrier et futur membre du parti ouvrier révolutionnaire.
Il s'adresse à Clémenceau en lui disant que la gauche qu'il représente est bourgeoise et non socialiste.
Clémenceau lui répondra, lui radical de gauche qui s'opposera toujours au socialisme : "
Quant à me prononcer pour votre appropriation collective du sol, du sous sol etc...je réponds catégoriquement non ! Je suis pour la liberté intégrale et je ne consentirai jamais à entrer dans les couvents et dans les casernes que vous entendez nous préparez. Le citoyen qui me questionne a dit qu'il n'y avait pas que des jésuites noirs, il a raison, il y a aussi des jésuites rouges."
Finalement, le débat n'a pas véritablement progressé depuis 1877...
Pour mémoire, Clémenceau (avec Victor Hugo) est l'homme politique qui par son combat acharné à l'Assemblée et dans le pays,
a obtenu une loi d'aministie intégrale pour les Communards révolutionnaires de 1871.
Cela n'a pas empêché
L'Humanité de titrer à sa mort en 1929 qu'il était "
un défenseur des intérêts capitalistes" et "
un ennemi de la classe ouvrière".
Voilà comment les "purs" traitent leurs défenseurs lorsqu'ils ont eu le tort de ne pas partager l'intégralité de leurs opinions, en bref leur sectarisme.
Voilà aussi comment l'Histoire nous aide à comprendre les postures contemporaines des uns et des autres.